Blabla faut un titre paraît-il

☆La pollution emplissant ses poumons, le vent glacial de Londres lui giflant le visage, le vrombissement intolérable des voitures lui cassant les tympans, les pigeons volant au-dessus de sa tête, William inspira profondément, les bras écartés. Liberté. Freedom. Que ce mot avait une douce consonance à ses oreilles. Il avait été coupé du monde pendant deux mois, mais ça lui avait semblé durer une éternité. Lui, qui était un amoureux inconditionnel de la Vie avec un grand v, s'était retrouvé enfermé entre quatre murs, à dormir sur un vieux grincheux et inconfortable. Ca lui avait fait un choc. William avait toujours été habitué au luxe ; sa cellule lui avait semblé bien piètre en comparaison du palace dans lequel il vivait. Mais il avait accepté sa condition avec un haussement d'épaules ; de toute évidence, il avait tout de suite eu une idée de génie pour ce sortir du pétrin dans lequel on l'avait fourré. Son avocat avait grincé des dents, objecté, avant de lui sortir de son deal ne serait sans doute pas accepté. William avait fait sa sourde oreille et avait insisté pour parler au Procureur. Il savait qu'il allait obtenir gain de cause. Et pour sûr, il obtenait toujours ce qu'il voulait. Rien ne lui résistait. Jamais.

Ses parents en avaient fait les frais ; William descendait de la grande lignée des Keynes alors ses parents avaient toujours eu du fric. Tous les nouveaux gadgets, le petit William les obtenait dès qu'il les demandait. C'était un fils de bourge. Un fils à papa/maman, comme on dit. Il se considérait comme tel, et il en profitait. Ses parents ne savaient pas lui résister. Après tout, il était enfant unique, avait des notes plus qu'excellentes bien qu'il aimât se faire passer pour un cancre... Et puis, même s'il se montrait parfois capricieux et avait un comportement assez déplacé de temps à autre, cela n'était que secondaire. Il savait se montrer charmant et attentif lorsqu'il le fallait, c'était qui importait le plus à Monsieur et Madame Romuald Keynes. C'est d'ailleurs avec sa petite bouille d'enfant sage qu'il leur avait demandé de lui faire une petite soeur. Il devait environ sept heures trente du matin, et la famille déjeunait autour de la table de la salle à manger. La demande avait été prononcée d'une voix enfantine, bien le jeune garçon fut d'ores et déjà âgé de sept, ou peut-être huit, ans. Romuald et Jewel Keynes avaient alors échangé un regard abasourdi.

Ses lèvres s'étirèrent ; ah, la tête que ses parents avaient tiré ce jour-là, le jeune homme s'en souviendra probablement toute sa vie. Ils avaient alors cafouillé qu'ils ne pouvaient pas contrôler ce genre de chose, William n'avait rien écouté. Trois plus tard, il apprenait que sa mère était enceinte. Et neuf mois encore après ça, le petit garçon de huit ans était l'heureux grand frère d'une petite Mary Elizabeth Keynes. Il obtenait toujours ce qu'il voulait. Toujours. Enfin non. Pas toujours. Il y eut une fois où il n'obtint pas précisément ce qu'il désirait. Sa cadette souffrait du syndrome d'Andersen ; la maladie provoque une faiblesse voire une paralysie des muscles ainsi qu'une arythmie cardiaque. Ce qui peut entraîner une morte soudaine. William avait appris la définition de cette maladie par coeur. Il l'avait entendu des millions de fois. A chaque visite à l'hôpital. Durant quatre ans. Et puis il n'y avait plus eu de visite à l'hôpital. Plus de maladie pernicieuse et vicieuse. Plus de petite soeur à adorer. Plus de Mary Elizabeth Keynes.

L'ancien détenu se retourna, observa la prison qui avait été son toit durant deux mois. Au fond, il n'en n'était même pas étonné, d'avoir fini au trou. Depuis le décès de sa cadette, sa Pussycat comme il aimait l'appeler à l'époque, il avait sombré du mauvais côté. Il s'était senti chaviré, mais n'avait rien fait pour se remettre dans le droit chemin. Il n'avait pas quinze ans que les services de police de Swansea le connaissaient déjà pour diverses raisons. Alors ses parents sévirent. Ils l'envoyèrent à Londres, en pension. « Willy... Je sais que la mort de Mary t'a beaucoup affecté mais... Ceci n'explique pas un tel comportement... Ton père et moi avons décidé de t'envoyer à Londres, pour ton bien, le temps que tu te reprennes et que tu cesses de fréquenter ces garçons, ces rebelles que tu prétends appeler tes amis. Ce n'est pas contre toi, Willy... Là-bas, à Londres, tu pourras commencer tes études de Droit, comme tu l'as toujours souhaité... Je suis désolé, chéri... » C'étaient les mots de sa mère, le jour où il avait dû faire ses valises. Il ne leur en avait pas voulu ; c'était leur rôle, après tout. Et puis ils avaient raison ; Mary n'aurait guère apprécié d'avoir un frère connu des forces de l'ordre.

Il jeta sa veste en cuir par-dessus son épaule, fourra son autre main dans la poche de son jean, traversa la rue. Quand il y repensait, tout ce qu'il avait fait avait toujours été pour Mary ; il avait mal tourné à cause du décès de l'enfant de quatre ans, et tout s'était enchaîné à partir de ce moment-là. Oh, bien sûr, une fois à Londres, il avait essayé de se calmer. Et puis son deuil s'était terminé. Jusqu'à ce qu'il entre à la Fac. Read more