Molly Hooper

Elle n'en pouvait plus. Encore une fois, elle avait
du essuyé une terrible humiliation... Oh, certes, elle aurait put s'y
habituer ; après tout, cela faisait maintenant quelques années qu'elle
le connaissait et qu'il se jouait d'elle de cette façon, mais elle était
encore candide et innocente. Sans doute pensait-elle qu'il allait, un
jour, comprendre qu'il pouvait réellement compter sur elle. Il avait

UC

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[another versiooooooons]
« Bon, d'accord, tout ne s'est pas passé exactement comme je l'avais d'abord imaginé... Mais bon. L'important, c'est qu'il soit en vie... Non ? »

Molly, ou Mary de son nom de naissance, lança un regard à Toby, des petites étoiles au fond des yeux. Elle n'espérait pas de réelles réponses - après tout, que pourrait-elle obtenir d'autre qu'un miaulement de la part de son fidèle compagnon le chat ?

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Elle n'en pouvait plus. Encore une fois, elle avait
du essuyé une terrible humiliation... Oh, certes, elle aurait put s'y
habituer ; après tout, cela faisait maintenant quelques années qu'elle
le connaissait et qu'il se jouait d'elle de cette façon, mais elle était
encore candide et innocente. Sans doute pensait-elle qu'il allait, un
jour, comprendre qu'il pouvait réellement compter sur elle. Il avait

UC

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[another versiooooooon]

« Bon, d'accord, tout ne s'est pas passé exactement comme je l'avais d'abord imaginé... Mais bon. L'important, c'est qu'il soit en vie... Non ? »

Molly, ou Mary de son nom de naissance, lança un regard à Toby, des petites étoiles au fond des yeux. Elle n'espérait pas de réelles réponses - après tout, que pourrait-elle obtenir d'autre qu'un miaulement de la part de son fidèle compagnon le chat ?

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Il était parti. Comme tous les autres avaient fini par partir. Mais son départ, à lui, lui faisait plus de mal. Après tout, il était différent.

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[I can do it. I trust in my fuckin' self. I can do it. I can do it.]

« What do you need ?
─ You. »

Avait-elle accordé trop d'importance aux paroles de Sherlock, ce jour-là ? Oui, sans aucun doute. Comme toutes les fois précédentes, d'ailleurs. Sinon, pourquoi aurait-elle commencé à se peindre les lèvres d'une couleur vermeille pour que bouche paraisse moins petite ? Pourquoi aurait-elle changé sa raie ?

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« Sherlock...»

Mais le murmure s'évanouit dans le silence comme s'il n'avait jamais existé. Alors Molly regarda la mince silhouette disparaître dans l'ombre, une boule au creux du ventre, un pincement au cœur, une douleur au fond des yeux. C'était le Grand Jour. The Great Day. Elle aurait du se réjouir, sentir une vague de joie la submerger. Au lieu de ça, elle avait un pâle sourire plaqué sur le visage et l'envie de le rappeler. Ce n'était pas la première fois qu'elle voulait le retenir. Et ce n'était pas la première fois qu'elle ne faisait rien. Elle le connaissait assez pour savoir que cela n'aurait servit à rien. A part peut-être la blesser une fois de plus.

« What do you need ?
─ You. »

Elle n'aurait pas dut accorder tant d'importance à leur court échange ce jour-là. Elle s'était crut importante. Fière, même. Une pointe d'arrogance Holmsienne aurait put l'envahir si elle n'avait été d'une nature si timide. Oh, bien sûr, elle avait tout de suite sût que la requête demandée par le Détective n'aurait rien de banal, mais elle avait eu la naïveté de croire que ça lui permettrait d'être au devant de la scène dans l'esprit de Sherlock... Elle avait été assez candide pour penser que cette situation durerait. Mais voilà, c'était le Grand Jour. Le Jour des Révélations. Le Jour du Retour de Sherlock Holmes. Et elle, Molly Hooper, espérait de tout coeur que la situation ne retourne pas à l'état initial. Elle avait aimé se prétendre importante dans la vie de Sherlock. Elle avait aimé être la seule personne à être dans le secret. La seule personne que Sherlock avait eu après sa chute.

«I don't count.»

Elle avait l'habitude d'être invisible aux yeux du monde. Elle n'avait jamais été quelqu'un d'extraordinaire ; elle n'était pas d'une beauté sulfureuse, ni d'une intelligence remarquable, n'avait jamais été particulièrement douée dans un quelconque domaine et n'avait jamais prêté attention à la politique... Pourquoi les autres auraient-ils poser leur regard sur elle ? Une question sans réponse puisque personne ne la regardait. Elle n'attirait pas l'attention, et les rares fois où elle la captait, ce n'était que pour quelques secondes. Quelques minutes, tout au plus...

Cela datait déjà de l'enfance. Elle était renfermée, maladroite, introvertie, discrète. Malgré tout, elle restait le modèle même de la petite fille. Peut-être était-elle même un peu trop cliché ? Elle devait sans doute faire parti de ces personnages stéréotypés qu'elle rencontrait dans les livres et les films un peu trop fleur bleu ? Elle aurait voulu être différente. Avoir un talent. Être intéressante. Elle avait essayé, à plusieurs reprises, de trouver un style qui aurait pu lui correspondre sans obtenir de résultat probant. Elle était sûrement vouée à rester boring.

Oh, bien sûr, son père l'écoutait toujours. Mais elle s'était toujours sentie un peu à l'écart lors des repas de famille. Les métiers de la famille Hooper variaient et touchaient à tous les domaines... Avocats, artistes... Mais elle avait été la seule à montrer un intérêt pour les morts. Et personne n'avait semblé comprendre. Médecin légiste, un choix de carrière un peu glauque pour ses proches encore peu habitués à côtoyer des cadavres. Elle avait alors noté que son père, lui-même, évitai de parler boulot en sa présence. Et, petit à petit, la jeune femme maladroite qu'elle était avait vu son père, son modèle, s'éloigner d'elle. Il avait finit par être totalement désintéressé.

«He looked sad.»

Elle l'observait souvent. C'était son père ; même s'il ne lui parlait plus tellement, elle continuait à prendre soin de lui. Il avait toujours fait preuve de beaucoup de vitalité, même une fois piégé par sa maladie. Et puis elle l'avait surpris, pour Noël, assis dans son fauteuil de velours vert, un verre vide à la main, loin des autres. Il n'avait pas son sourire habituel. Et il ne l'avait retrouvé que lorsqu'un cousin germain était venu lui parler. Molly avait alors compris qu'elle était invisible aussi pour sa famille.

«This is Sherlock Holmes !»

Et elle l'avait croisé. Elle n'avait plus qu'un lointain souvenir brumeux de cette première rencontre ; mais les détails n'avaient aucune importance. Elle avait tout de suite été captivée par son regard ; un divin mélange entre un bleu turquin, un vert empire qui tirait parfois jusqu'au gris anthracite. Un véritable joyau. Une véritable merveille. Il était dommage que le propriétaire d'un tel bijou ne soit pas aussi bon que Molly l'avait espéré...

«You always say such horrible things...»

Il n'avait jamais été tendre avec elle. Il ignorait ses tentatives d'invitation, critiquait son physique à la moindre occasion, la rabaissant sans cesse. Il avait meurtri son coeur, fait naître les larmes dans ses yeux, détruit ses espoirs de se sentir importante. Réellement importante. Ceci n'avait pas empêché Molly de s'éprendre de lui. Elle était sûre, au fond d'elle-même, qu'il pouvait être différent. Il ne le montrait juste pas. Et il ne le voulait peut-être pas... Longtemps, la jeune Molly Hooper s'était entêtée ; boire un café, ce n'était pas forcément pour aller plus loin, si ? Elle était timide et maladroite en amour. Elle n'avait eu vraiment de chance dans ce domaine là... Sherlock, comme ses rares prédécesseurs, ne répondait pas à ses attentes. Molly avait alors essayé de l'oublier - mais comment faire, lorsque l'objet de vos nuits vient vous hanter sur votre lieu de travail ?

Et puis il y avait eu Jim. Une amourette de travail. Quelque chose de pas très sérieux, mais plus fort que de l'amitié. Avec Jim, Molly avait eu l'impression d'être quelqu'un d'exceptionnel. De ne pas être invisible. Elle avait crût vivre une histoire d'amour ; il était beau, il était intelligent, il était gentil... Il était faux. Un criminel, traquant et traqué par Sherlock Holmes. Elle lui en a d'abord voulu ; il l'avait manipulé, comme le détective le faisait si souvent... Mais, sans lui, elle n'aurait jamais eu à être l'unique personne à pouvoir aider Sherlock. Sans Jim Moriarty, elle n'aurait été la personne dont Sherlock aurait eu besoin. C'était ses propres mots. Il les lui avait dit. Il avait eu besoin d'elle. Et cette simple idée faisait battre son coeur.

Peut-être n'était pas si invisible qu'elle l'avait pensé. Peut-être comptait-elle réellement...