MEDICIS, Alessandro R. (symbole) citation

L'air encore un peu groggy par sa soirée arrosée, Alessandro s'était traîné jusqu'au Colombare où il avait retrouvé son rendez-vous. Un jeunot, encore un se retint-il de penser, à l'air plutôt beau gosse. D'un rapide coup d’œil, il l'avait évalué ; il avait presque l'air d'un mannequin ou d'un acteur de cinéma. Loin de lui l'idée de le catégoriser dans une classe avant même d'avoir eu le temps de lui adresser la parole, mais Alessandro était de ceux qui évaluait d'un seul regard. Sans prendre la peine de s'excuser pour son retard et ne se délaissant pas de son franc-parler, il lui fit remarque son jeune âge. Un léger sourire en coin avant de prendre un air légèrement dans le vague. Le nom de l'autre lui reviendrait sûrement un peu plus tard, au fil de leur conversation. Le serveur lui apportait son caffè quand le jeune homme lui répondait. Son sourcil s'arqua. Modeste, par-dessus le marché. Une perle rare que les gonzesses devaient tenter de s'arracher. Toutefois, il y avait du vrai dans ses propres, Alessandro devait le reconnaître ; un hochement de tête pour marquer son accord avec ce qui venait d'être dit, il avala une gorgée de sa boisson, porta son regard sur les alentours. Déformation professionnelle, peut-être. Sans doute. De toute évidence, ils en savaient autant l'un sur l'autre ; et l'agent d'Interpol ne sachant, au final, presque rien sur son interlocuteur, il leur faudrait d'abord tâter le terrain, apprendre à se connaître pour pouvoir mieux collaborer. Une étape qu'Alessandro rendait ardue tant il était naturellement méfiant et peu enclin à se dévoiler.
Le travail d'équipe n'était pas trop dans ses habitudes. Oswin pourrait en témoigner.
« Hm, des intérêts communs dîtes-vous ? C'est possible, oui. Même si dans l'immédiat, j'en doute. A moins que vous ayez besoin d'un expert en décodage ou cryptologie, bien évidemment. » Les chiffres, les codes, les symboles. Tout autant de mystère qui le fascinaient sans que ce soit explicable. Mais le jeune carabinieri pouvait avoir raison ; si leurs patrons respectifs les avaient invités à prendre contact, ce n'était pas sans avoir une bonne raison. Encore fallait-il la découvrir – et Alessandro avait suffisamment d'une enquête à bouclée, nul besoin était de lui imposer ce défi supplémentaire. De nouveau, ses doigts se frottèrent à sa barbe ; une grimace déforma ses lèvres tandis qu'il réfléchissait à la question posée. Il se ne passait rien en ville. Ou trop peu pour que ce soit description et très parlant. Négligemment, il hausse les épaules. « Vérone est une ville plutôt calme ; très prisée par les touristes, on n'a pas à se plaindre du taux de criminalité qui est assez bas, quand on y réfléchit assez bien. La police locale doit parfois faire face à des petits délinquants. Les dealers, notamment, ou du blanchissement d'argent plus qu'à de vrais criminels. Mais, vous savez, Interpol est plus international donc je suis moins au courant sur ce qu'il se passe en ville. Moi ce sont les grosses affaires qui me sont assignées... » Il n'alla pas jusqu'au bout de sa phrase, voulant d'abord être certain que le jeune homme ne s'offusquerait pas de ses propos. Il ne négligeait pas le travail des flics – après tout, lui-même avait d'abord dû passer par-là avant de réussir à grimper jusqu'au niveau international – mais les simples affaires d'excès de vitesse, de vol par effraction ou de fusillade ne l'intéressaient pas tant qu'il n'y avait pas de lien avec la sécurité mondiale. Ou tant qu'il n'était pas prouvé que les malfaiteurs avaient un lien avec un autre pays.

Les jambes tendues, il passa une main dans ses cheveux avant de s'adosser contre le dossier de la chaise. Le soleil, peu à peu, sortait de sa cachette nuageuse et ses rayons commençaient à lui réchauffer le dos. Une table idéale pour en ressentir toute la chaleur et en profiter pendant qu'il en était encore temps. Les mains croisées sur sa nuque, il ferma les yeux un instant. Il n'appréciait guère Vérone, pas plus qu'il n'aimait l'Italie dans son ensemble ; mais il devait reconnaître que le temps y était plus agréable qu'en France où le froid était de rigueur à cette période de l'année. « Pourquoi avoir recours à Interpol ? Pensez-vous qu'il y a un risque pour la sécurité internationale ? » Il avait reposé son regard chocolat sur le jeune homme, curieux d'en apprendre davantage sur cette mystérieuse affaire. Si telle était le cas, il en toucherait probablement deux mots à Fabio pour ne pas l'avoir averti plus tôt. Non pas que ça aurait changé grand chose, mais il aurait pu commencer à s'alarmer pour mettre un premier avertissement.